YSL, un héritage féministe (avec ou sans cigarettes)

 

Salut les bombes ! ❤

Il y a 8 ans exactement, Yves Saint Laurent s’éteignait et la mode perdait une de ses grandes figures. La mode n’est pas la seule à l’avoir perdu, c’est la femme que le créateur a laissé.

YSL proposait une mode féministe. Il a grandement contribué à la liberté de la femme, lui offrant l’occasion de porter autre chose qu’une robe longue pour sortir. Ce n’est pas lui qui a créé la mini-jupe, ni la petite robe noire, ni même non plus le jean ; qu’il regrette ne pas avoir inventé. Il préféra au lieu de ça l’habiller comme un homme, ou presque.

 

Le smoking change de sexe

En 1966, seulement quatre ans après sa première collection, il adapte le smoking à la femme. Une grande première dans l’histoire de la mode. C’est ce smoking qui deviendra rapidement l’icône de la maison Yves Saint Laurent, un patrimoine qu’Alber Elbaz, Tom Ford, Stefano Pilati et Hedi Slimane s’approprieront à leur tour afin de le faire perdurer.

Avec le smoking il reprend un vêtement déjà existant dans le vestiaire masculin pour le donner aux femmes, modifiant sa coupe afin de l’adapter à la ligne féminine, en faisant un habit qui n’est dorénavant plus réservé aux hommes.

Yves-Saint-Laurent-Catherine-Deneuve-smoking
Yves Saint Laurent et Catherine Deneuve en smoking.

La veste longue est plus cintrée à la taille et le pantalon droit est adapté à la forme du bassin féminin, tout en gardant le chic et l’élégance de ce vêtement créé un siècle plutôt à l'(injuste) exclusivité de la gente masculine.

Plus précisément, le smoking a été créé pour une raison particulière, autre que pour l’élégance impeccable : celle d’éviter les incendies vestimentaires lors de la pause clope. Les hommes portaient en effet autrefois des vestes à basques qui risquaient à tout moment d’être brûlées par les cendres de cigarettes. Accidents évités avec ce tailleur à la coupe plus proche du corps qui allie style et praticité pour les mondains amateurs de tabac, d’où son nom de smoking (« fumant/en train de fumer » en VF). Cette petite anecdote renvoie à un autre combat du féminisme qui surviendra à peu près à la même période de la création de la version pour femmes : la fumette pour tous. Bon, on se demande si c’était une bonne idée de faire fumer l’autre moitié de la population, mais en tout cas, cigarettes ou pas, le smoking est quant à lui une brillante idée.

Aujourd’hui le smoking est devenu largement mixte, on peine même à imaginer qu’à son introduction dans le vestiaire féminin il déclencha autant de scandales que la mini-jupe. On refuse même l’entrée à des femmes qui ont osé se grimer en homme : c’est le cas pour la socialite Nan Kempner qui se vit refuser le droit de mettre un pas dans un restaurant si elle gardait son smoking. Celle-ci rentrera finalement dans le restaurant sans son pantalon, dînant donc en demi-smoking sur jambes nues.

 

Smoking et saharienne, des intemporels androgynes

Sulfureux, chic ou juste confortable, le smoking gagne rapidement le cœur des femmes. Il est porté par de plus en plus de stars féminines car il flatte n’importe quelle morphologie, devenant une alternative aux robes de cocktails. Sans perdre de vue le style et l’allure.

On le porte dans toutes les couleurs, tous les motifs, on peut l’accessoiriser à toutes les sauces, on peut le porter avec des stilettos comme des baskets ou des derbies, on peut oser le porter sans rien sous sa veste, on peut le porter à moitié (seulement le bas ou seulement la veste)… Le smoking, appelé tuxedo en anglais, offre de multiples possibilités stylistique, ce qui fait de lui un intemporel de la garde-robe, un must have que tout un chacun devrait posséder.

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La top Veruschka, sauvage en saharienne.

Cette année justement, certains intemporels qu’Yves Saint Laurent nous a laissés en héritage prennent d’assaut les rayons de prêt-à-porter. C’est le cas d’un autre incontournable du dress code Saint Laurent, la saharienne.

Il est intéressant de noter que la saharienne a elle aussi été adaptée pour les femmes par le créateur. C’est d’une veste militaire portée par l’armée britannique en Inde dont s’est inspiré Saint Laurent pour créer la saharienne. Elle deviendra une pièce phare de son travail. Celle-ci revient cette saison presque telle quelle, ou sous la forme de détails emblématiques qui font son identité, comme le corsetage sur la poitrine.

Comme on les porte cette année ?

Cet été la saharienne se porte en robe avec décolleté plongeant lacé ou bien dans sa version plus masculine, sans laçage, en combi-short ou en haut porté avec un bas ton sur ton, de préférence kaki ou sable. On peut aussi simplement adopter le décolleté corseté, un col énormément tendance en cette saison estivale que nous n’aurons pas de mal à trouver dans les boutiques de mass market comme H&M et Mango. Là le style peut être safari décontracté comme raffiné et élégant (à la façon Alexis Mabille Haute Couture été 2016), selon les occasions. Enfin, on adore ses grandes poches plates, son autre caractéristique que l’on adopte partout : sur une veste, une robe, un pantalon ou une jupe, voire un sac, pour apporter une touche army à une silhouette sensuelle, comme par exemple chez Versace (autres inspirations dans mon article des tendances printemps-été 2016).

Le smoking est quant à lui une vedette du vestiaire de l’hiver prochain, il en est même l’uniforme si on ose dire, en témoignent les nombreuses silhouettes boyish qui ont défilé lors des dernières fashion weeks. Celui-ci ne nous quitte plus depuis qu’YSL l’a mis sur notre dos, et qu’importe ce que le créateur pense, c’est sans doute l’une des plus belles choses qui puisse habiller une femme (lui dit que ce sont sa nudité et les bras de l’homme qu’elle aime).

On pourra le porter très classique, allant même jusqu’à porter une cravate pour un style vraiment masculin, ou alors on joue à fond la modernité et on s’inspire dans ce cas des smokings ultra sexy d’Anthony Vaccarello, qui succède d’ailleurs cette année à Hedi Slimane à la tête de la création de la maison. On mixe donc les matières avec du cuir ou des sequins, on adopte la veste en version très longue, on choisit des pièces avec des détails tendances comme du laçage (qui rappelle par ailleurs la saharienne).

L’héritage qu’Yves Saint Laurent nous laisse est en définitive fait de pièces faciles à adapter aux saisons et à son style, mais avant tout de vêtements qui font s’exalter la féminité.

Vive le féminisme griffé ! Vive YSL !

 

 

La prochaine collection Saint Laurent Paris (rebaptisée ainsi sous l’impulsion de Hedi Slimane), sera donc l’oeuvre du belge Anthony Vaccarello, étoile montante. Son style très affûté, voire « tranchant », de la trempe de Tom Ford et Versace, nous donnera sans doute l’occasion de découvrir une nouvelle facette de la femme YSL. Au regard de ses propres collections comportant beaucoup de silhouettes noires, parfois vêtues de néo-smoking, je ne doute pas que le patrimoine quasi-génétique de la marque sera respecté tout en étant renouvelé.

Réponse en octobre prochain, lors de la Fashion Week parisienne, cru été 2017.

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